Henri Matisse et le fauvisme à Collioure

Les origines d'Henri Matisse

Photo of Henri Matisse

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Né au Cateau-Cambrésis en 1869, Henri Matisse, d'abord clerc de notaire, découvre la peinture à l'âge de 20 ans en 1889 et commence son éducation artistique en 1895 auprès de Gustave Moreau, qui encourage les étudiants à développer leur propre style artistique. Cette école d'art a permis à Matisse de rencontrer des peintres comme Albert Marquet et Georges Rouault.

Matisse poursuit ensuite son développement artistique auprès d'Eugène Carrière, où il rencontre André Derain, qui partage avec lui une vision de l'utilisation de l'imagination au-delà des contraintes de la réalité.

Il croise ensuite la route de Maurice Vlaminck, connu pour son utilisation instinctive de couleurs vives, avec qui il collabore à Chatou.

Matisse passe également un été à peindre avec Paul Signac à Saint-Tropez, où Derain et lui approfondissent leurs connaissances des techniques impressionnistes et de l'influence d'artistes tels que Cézanne, Van Gogh et Gauguin. En effet, ces expériences sur la scène artistique parisienne dynamique du début des années 1900 ont été cruciales pour son développement artistique.

L'arrivée d'Henri Matisse à Collioure

Painting named "View of Collioure" by Henri Matisse

By Henri Matisse - Image URL:http://www.languedoc-france.info/artcourse/matissetoits.gif, PD-US, https://en.wikipedia.org/w/index.php?curid=21478320

Avant que Matisse n'arrive à Collioure, c'était un artiste frustré qui en avait assez de Paris, qui n'était pas sûr de son avenir artistique et qui était plutôt fauché. Au cours de l'été 1905, il décide donc de s'installer dans le sud de la France et arrive avec sa famille à Collioure le 16 mai 1905, sur la recommandation de son ami Paul Signac.

Après son arrivée, Matisse s'installe rapidement dans un hôtel local, tenu par Mme Rosette, d'abord prudente, qui ne tarde pas à s'attacher à lui. Collioure, village situé entre la montagne et la mer, séduit immédiatement Matisse qui explore ses paysages, marqués par les vignes et les oliviers, et se laisse inspirer par le mélange intime de la mer et de la terre qui a façonné la géographie de la région.

Matisse noue également des relations avec des artistes locaux et se lie d'amitié avec Etienne Terrus, qui lui présente d'autres peintres du Roussillon. Ce cercle s'élargit lorsque Terrus et Matisse rendent visite au sculpteur Aristide Maillol, puis déjeunent avec le peintre et collectionneur George-Daniel de Monfreid. Ces interactions renforcent l'engagement de Matisse dans la communauté artistique de Collioure et il décide d'y rester plus longtemps que prévu.

Fauvism

Painting named "Woman with a Hat (Femme au chapeau)" by Henri Matisse

By Henri Matisse - http://www.sfmoma.org/explore/collection/artwork/213, PD-US, https://en.wikipedia.org/w/index.php?curid=14899126

Avant de parler de l'influence de Collioure sur le fauvisme, il faut d'abord savoir ce que cela signifie.

Le fauvisme est né en 1905 au Salon d'Automne, marqué par les toiles aux couleurs vives d'Henri Matisse et de ses contemporains, et a marqué un tournant majeur dans l'art.

Le mouvement a été baptisé « fauvisme » par le critique d'art Louis Vauxcelles, qui a en fait utilisé ce terme pour critiquer l'utilisation audacieuse des couleurs.

Le célèbre « La femme au chapeau » de Matisse a été particulièrement controversé, le plaçant comme chef de file de ce nouveau mouvement aux côtés d'André Derain, de Maurice de Vlaminck et d'autres.

Les fauves mettent l'accent sur des couleurs pures et lumineuses et des formes simplifiées pour transmettre une profondeur émotionnelle. Ils s'éloignent des représentations réalistes et expérimentent avec la ligne, la perspective et l'espace pour créer un langage visuel plus poétique.

Les coups de pinceau fauves sont souvent rapides et visibles et utilisent des sujets simples comme les paysages et les scènes de la vie quotidienne pour exprimer l'éclat de la vie.

En tant que « mouvement » artistique, il s'agit plutôt d'un feu de paille et, dès 1908, le fauvisme s'est largement éloigné des artistes qui ont expérimenté d'autres médias et d'autres styles, mais il a posé le principe fondamental selon lequel la couleur pouvait réellement être le principal moyen d'expression dans la peinture.

Matisse, Derain et le fauvisme à Collioure

Painting named "Charing Cross Bridge" by André Derain

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Painting named "Luxury, Calm and Pleasure" by Henri Matisse

By Henri Matisse - www.mcs.csuhayward.edu, 1 January 2008, PD-US, https://en.wikipedia.org/w/index.php?curid=14994399

À Collioure, inspiré par les artistes et les paysages locaux, Henri Matisse s'éloigne du pointillisme pour embrasser l'émotion pure dans son art.

Il invite André Derain à le rejoindre. Celui-ci arrive début juillet 1905 et est immédiatement séduit par la lumière saisissante de la région.

Ensemble, Derain et Matisse explorent une nouvelle vision artistique et travaillent principalement en plein air pour capturer l'essence du village à travers des couleurs vibrantes et expressives.

Cette véritable collaboration marque une période d'expérimentation intense de la couleur, que Derain décrit comme une transformation des couleurs en « bâtons de dynamite » qui « explosent en lumière ».

Le duo travaillait dans un atelier avec vue sur la mer, produisant des œuvres significatives du fauvisme, notamment « La fenêtre ouverte » de Matisse, où les couleurs de l'intérieur et de l'extérieur fusionnent dans une représentation de la lumière se reflétant sur la mer à travers une fenêtre, et les « Bateaux à Collioure » de Derain, qui capturent le miroitement de l'eau et les reflets avec des coups de pinceau fragmentés.

Le tableau de Derain « Phare de Collioure » célèbre l'effet du soleil qui semble modifier l'espace, le temps et la matière.

Les deux artistes ont également capturé l'essence de Collioure, Derain se concentrant sur des scènes locales telles que les pêcheurs au travail, caractérisées par des tons bleus et noirs accentués de rouge, et les femmes raccommodant les filets, représentées sous la forme de formes sombres et arrondies.

Leurs peintures, imprégnées de l'esprit du fauvisme, présentent des rouges, des verts, des oranges et des jaunes explosifs, transformant des scènes banales en toiles vibrantes et émotionnelles.

Leur travail à Collioure a conduit à une percée dans l'utilisation de la couleur et de la forme, la peinture devenant une arène où la couleur est le sujet principal, où les lignes sont simplifiées et où la distinction entre l'intérieur et l'extérieur s'estompe.

La fin du fauvisme à Collioure

Après un été fructueux à Collioure, André Derain et Henri Matisse repartent avec une importante collection d'œuvres d'art.

Derain part le 24 août avec trente peintures, vingt dessins et cinquante esquisses, tandis que Matisse rentre à Paris le 2 septembre avec quinze peintures, quarante aquarelles et une centaine de dessins.

Lorsqu'ils exposent ensemble certaines de ces œuvres au Salon d'Automne, les critiques les qualifient de « cage aux fauves » et inventent par inadvertance le terme « fauvisme » pour décrire leur utilisation audacieuse de la couleur de manière désobligeante.

Malgré le ridicule initial, leur travail attire rapidement l'attention des collectionneurs et des marchands, notamment la famille Stein, Americaine, qui acquiert « La raie verte » et « Le Bonheur de vivre » de Matisse, ainsi que le collectionneur Gustave Fayet qui achète des marines.

André Derain n'est jamais revenu, mais Matisse a trouvé l'environnement de Collioure si stimulant qu'il y est retourné plusieurs fois, chaque visite donnant lieu à de nouvelles explorations artistiques. Mais leur séjour à Collioure a marqué un tournant dans leur carrière et a influencé de manière significative le développement du fauvisme grâce à l'attention novatrice qu'ils ont portée à la couleur et à la forme à Collioure.

Entrance of showcase of fauvism